Le Grand Sommeil de Raymond Chandler

"Qu'est-ce que ça peut faire, où on vous met quand vous êtes mort ? Dans un puisard dégueulasse ou dans un mausolée de marbre au sommet d'une grande colline ? Vous êtes mort, vous dormez du grand sommeil."


Raymond Chandler est un des précurseurs du polar alors je ne pouvais donc pas passer à côté de ce livre clé de la littérature et l'un des monuments du patrimoine du polar. 
J'ai rattrapé mon retard.

L'écriture et la traduction admirable de Boris Vian sont somptueuses, surclassant encore aujourd'hui celle des auteurs de polars de notre époque.

Les dialogues sont succulents et l'intrigue demeure savamment construite et demande une attention de chaque instant car l'histoire et l'intrigue sont confuses et brouillonnes. Le détective privé Philip Marlowe (Humphrey Bogart au cinéma),cynique ,sarcastique,charmeur et buveur compulsif, doit mettre un peu d'ordre dans les rouages quelque peu déréglés d'une riche famille Californienne. Dans cette histoire racontée à la première personne du singulier, Chandler de faire vivre son héros à contre-courant dans un univers et de personnages sombres où malfrats, flics, patrons et politiciens sont pourris jusqu’à la moelle et s'arrangeant pour que chacun puissent faire leurs petits trafics peinards. 

Chandler insiste sur la noirceur et la malhonnêteté dans les milieu et l'enquête  se révèle explosive mais sa résolution n’est pas la prior
ité de Marlowe. Ce n'est qu’un job comme un autre. Il fait ça pour le fric car Marlowe, détaché, s'en tape de faire triompher la vérité. Au final, Marlowe garde un regard très désabusé sur la nature et les relations humaine.
Toutefois, ce pessimisme n'est jamais placée au service d'un discours moralisateur.


Pour terminer sur cette version française et Boris Vian, on trouve dans Le Grand Sommeil un on et un style qui ne sont pas sans rappeler J'irai cracher sur vos tombes.

Le grand sommeil n’est certainement pas le plus grand roman noir de l'histoire, mais reste néanmoins un petit bijou du genre, le plus classique et le plus culte de tous.

A lire absolument si vous aimez les romans et films noirs.



Trois petits extraits révélateurs de l'époque et du vintage de la Californie à la fin des années 30 :

Je ne suis pas Sherlock Holmes. Je ne m'attends pas à ramasser une pointe de stylo cassée sur des lieux que la police a examinés et à reconstruire l'affaire à partir de là

...


 Il ouvrit la boîte à cigares et laissa choir son mégot dans le cendrier posé à côté de lui. Il introduisit un long cigare mince dans sa bouche.
– Cigare ?
Il m’en expédia un par la voie des airs. Je l’attrapai au vol. Il tira de la boîte à cigares un revolver et me le braqua sous le nez. Je biglai le revolver. Un Colt calibre 38 de police. Je n’avais pas de réponse prête pour le moment.


...


Une faible lumière luisait derrière les petits carreaux cernés de plomb qui garnissaient la porte latérale de la maison des Sternwood. J’arrêtai la Packard sous la porte cochère et vidai mes poches sur le siège. La fille ronflait dans son coin, son chapeau posé en casseur sur son nez, les mains pendantes dans les plis de l’imperméable.

Partie fine - James Hadley Chase

En lisant le titre, n'allez pas imaginer je ne sais quoi !
Quoi que…


Votre femme vous laisse seul quelques jours ? Le pied non ? Alors pourquoi ne pas en profiter pour aller aux voir les dames de mœurs légères.(aux putes, quoi)  ?
L’idée a traversé l’esprit de Ken Holland, personnage principal du bouquin, mais il aurait dû y réfléchir à deux fois.


J’adore Chase. J’ai toujours  placé cet auteur dans le Top 5 de la Série Noire historique (disons année 50 – 70 ). Je possède l’édition originale de 1954 mais j’ai également la version de la collection James Hadley Chase  paru à la fin des années 90.



Je suis dans une grosse période Chase et j’adore.
Partie fine, est au final, un très bon Chase. Le début est excellent, disons même bien au dessus de certaines choses que l’on peut lire aujourd’hui. La fin fait, comme souvent avec Chase, l’effet d’une bombe.