Papy End de Jean-pierre Andrevon

C'est en donnant un coup de main aux sans-papiers que Gabriel Lecouvreur est contacté par son ancien prof de philo, William Jablonski, qu'il n'a pas revu depuis dix ans. Cet anar lui a beaucoup appris, jadis. Aussi est-ce le coeur plein de chaleur que le Poulpe rend visite à son vieux mentor par un beau soir d'éclipse. La chaleur se mue en froid de glace quand il découvre que la maison de Jablonski est devenue le théâtre d'une épouvantable tuerie à laquelle n'a survécu que le petit-fils, Manu, 18 ans. Devant ce gamin tétanisé et asthmatique que Cheryl et lui prennent sous leurs ailes, Gabriel sent grandir en lui une âme de Papa Poule.


Guillaume Nicloux - Le destin est une putain




Guillaume Nicloux - Zoocity


Guillaume Nicloux est aujourd'hui connu pour ses films noirs (Le Poulpe, Une Affaire Privée, Cette Femme-là, La Clef) mais avant de pouvoir vivre de sa passion pour le cinéma, il racontait déjà des histoires.
C'est avec ce livre que je l'ai connu.

Zoocity, c'est un plongeon dans la tourmente d'un patelin paumé. Un bled où l'alcool et le sexe font la loi. Un goût d'Amérique profonde. Un univers impitoyable. Mais ce n’est pas Dallas, plutôt Mystic, le patelin dessiné par Harry Crews dans La Foire aux Serpents.

Édité chez Baleine en 98, ZooCity est le plus déroutant et sûrement le meilleur livre de Guillaume Nicloux. Interrogé par mes soins, Antoine de Kerversau (le fondateur des éditions Baleine) partage mon avis. Il va même plus loin en affirmant que ZooCity est le meilleur livre de Nicloux et qu’il avait su y jeter toute sa fouge et sa rage de l'époque.



Dés les premières pages le ton est donné :

« [...] Il pourrait bien en profiter un peu. Que ça le changerait de sa truie. Il suffirait qu'il l'emmène discrètement dans l'arrière-salle et qu'il la fasse passer par la cuisine. [...] Il la foutrait sur le ventre, lui arracherait sa petite robe de traînée et lui montrerait qui est le patron. Peut-être même qu'il la dérouillerait un peu, histoire de cogner avant de fourrer. »

Dans ZooCity, l'intrigue est reléguée au second plan. Quasi inexistante. Presque la marque de fabrique de Nicloux. Elle s’articule autour des personnages, des lieux et des situations. Un petit bled au milieu de nulle part. Une ville en autarcie. « La moitie de la population était alcoolique ». Des flics uniquement intéressés par les « jolis petits culs a mater ». On croise Ray. Un type usé par la prison. Des filles. Prudence, Janette. Et Brynner. Le forain. Si le final de Zoocity s'avère un peu décevant, on ne peut qu'applaudir la manière inimitable dont il parvient à rendre crédible la population de ZooCity. Et puis finalement, quand on referme ce bouquin on se dit que l’on a rien compris.
On se demande même s’il y avait quelque chose à comprendre.
Mais l'écriture reste juste. Derrière le ton froid, sec et nihiliste se cachent les destins des personnages aux prises avec leurs drames, leurs émotions, des surprises et des hasards de la vie. La force de Nicloux c'est la mise en scène de situations banales dans lesquelles il cherche à extraire des choses inattendues. Anecdotes et autres micros destins convergent. Les scènes courtes s'enchaînent. Presque anodines. Les micros événements aussi. Nous sommes les spectateurs de confrontations entre personnages. À travers des dialogues ping-pong efficace, il arrive à rendre ces scènes singulières.

On pense à des films comme Short Cuts de Robert Altman ou à Magniolia de Paul Thomas Anderson. On pense aussi à Wollanup, le bled paumé du Cul-de-Sac de Douglas Kennedy. On pense aussi à Harry Crews. L'influence se ressent même derrière chaque mot.
Crews ou Carver sont d'ailleurs les auteurs que cite le plus souvent Nicloux dans ses interviews.

J'ai publié cet chronique sur le site polarnoir.fr : http://www.polarnoir.fr/livre.php?livre=liv803